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Quand nos Outils nous Mènent par le Bout du Nez : Leçon d'Ivan Illich pour l'Ère Numérique

Découvrez comment les idées d'Ivan Illich sur la contre-productivité résonnent avec notre usage des technologies modernes et de l'IA. Reprenez le contrôle de vos outils.

ED

10/11/20255 min lire

schéma coloré représentant un système d'applications
schéma coloré représentant un système d'applications

Quand nos Outils nous Mènent par le Bout du Nez:
Leçon d'Ivan Illich pour l'Ère Numérique

Vous êtes-vous déjà senti submergé par la technologie censée vous simplifier la vie ? Vous n'êtes pas seul. Dans un monde obsédé par la performance et l'efficacité, nos écrans et nos applications promettent monts et merveilles. Pourtant, il arrive que cette promesse se transforme en un vrai casse-tête, nous faisant perdre plus de temps et d'énergie qu'elle ne nous en fait gagner.

C'est là que les idées d'un penseur un peu oublié, Ivan Illich, prennent tout leur sens. Il y a des décennies, Illich avait déjà mis le doigt sur un phénomène étrange : et si les systèmes que nous créons pour nous aider finissaient par se retourner contre nous, produisant l'exact inverse de ce qu'ils étaient censés faire ?

La Contre-Productivité : Quand le Remède Devient Poison

Au cœur de la pensée d'Illich, il y a le concept de "contre-productivité". C'est une idée simple, mais puissante : tout système, poussé trop loin, cesse de faire ce pour quoi il a été conçu et se met à faire l'inverse.

Prenons un exemple que nous connaissons tous : la voiture. Son but initial ? Nous faire gagner du temps et nous donner de la liberté. Mais qu'est-ce qui se passe quand tout le monde a une voiture ? Les embouteillages, la pollution, des heures perdues sur la route. La voiture, au lieu de nous faire gagner du temps, nous en fait perdre énormément !

Illich l'a appliqué à de nombreux domaines :

· L'hôpital peut parfois créer de la dépendance au lieu de soigner l'autonomie.

· L'école peut générer de l'ennui et de l'échec, loin de l'épanouissement du savoir.

· Et les transports, conçus pour rapprocher, peuvent engorger nos villes et isoler chacun dans sa bulle.

L'Accélération Numérique : La Technologie en Fuite

Si la contre-productivité était déjà une réalité du temps d'Illich, l'ère numérique l'a poussée à l'extrême. Là où il fallait des décennies pour qu'un système bascule, avec le numérique, cela se compte en années, voire en mois.

Aujourd'hui, on n'achète plus un simple logiciel. On achète des "écosystèmes" entiers : des CRM, des ERP, de l'IA, des SaaS, des API, des plugins... Des logiciels pour gérer les logiciels, des systèmes pour contrôler les systèmes. C'est une véritable course effrénée.

Et qui paie la note ? C'est nous, les utilisateurs. Nous ne payons pas seulement pour le produit ou le service, mais aussi pour toutes les couches intermédiaires : licences, maintenance, support, formations (parce que c'est devenu si compliqué qu'il faut se former !), mises à jour, intégration...

L'humain, dans tout ça, est souvent dépassé. Notre cerveau est saturé par les notifications, les tableaux de bord et les interfaces complexes. On nous demande d'être plus rapides et efficaces que ce que nous pouvons gérer consciemment. La solution ? Se fier encore plus aux systèmes. Et les systèmes, devinez quoi ? Ils grossissent encore. C'est une spirale sans fin.

Même l'Intelligence Artificielle (IA), présentée comme la solution à tous nos maux, tombe très vite dans cette logique de surproduction. On crée de l'IA pour gérer de l'IA, sans toujours se demander si c'est vraiment utile.

L'Illusion de la Nécessité : Pourquoi on Croit que C'est Indispensable

Le plus sournois dans cette histoire, c'est la façon dont ces systèmes se rendent "indispensables". Le discours est implacable : "Sans ça, vous n'existerez plus demain." "Si vous n'utilisez pas cette application, cette IA, cette plateforme, vous serez dépassé, oublié, fini !"

C'est la même logique qu'Illich dénonçait avec l'école. Pour lui, à un certain point, l'école ne sert plus principalement à apprendre, mais à justifier sa propre existence. On n'apprend pas à lire pour le plaisir, mais pour avoir un diplôme, pour passer à l'étape suivante, pour alimenter... le système scolaire.

Aujourd'hui, c'est pareil avec l'IA et les logiciels de gestion. On ne les adopte plus par vrai besoin, mais parce que "tout le monde le fait", ou par peur de disparaître, d'être "ringardisé".

Et plus on les adopte, plus ils grossissent et plus ils deviennent "indispensables". Non pas par leur utilité réelle, mais par la peur panique de s'en passer. C'est un drôle de paradoxe : on nous vend la liberté, et on se retrouve avec des chaînes... certes, dorées, mais des chaînes tout de même.

L'Artiste et la Machine : Garder la Maîtrise de nos Outils

En tant qu'artiste et créateur, je vois cette réalité se manifester quotidiennement. Ce fameux schéma d'applications, si "beau" en apparence, révélait une beauté froide, sans âme, un vernis posé sur une réalité dévorante.

Un outil peut être impressionnant, mais s'il génère de l'angoisse, s'il m'aspire du temps et de l'énergie au lieu de me libérer, alors il cesse d'être un simple outil. Il devient une cage. Une cage luxueuse, peut-être, mais une cage tout de même.

J'utilise moi-même beaucoup l'IA dans mon travail. Je l'exploite pour la création, pour gagner du temps, pour stimuler ma réflexion. Mais ma règle est claire : je veux rester la maîtresse à bord. L'IA doit rester à ma disposition, comme un bon collaborateur, et surtout pas l'inverse. Je sais qu'au moment où je perds cette maîtrise, l'outil se transforme en "système", et ce système... il finit par vous avaler.

La vraie question est là : à quel moment arrêtons-nous de créer, et commençons-nous à nous laisser "consommer" par ce que nous avons nous-mêmes créé ? C'est une limite très fine, souvent invisible, mais absolument cruciale.

Conclusion : La Lucidité, Notre Meilleure Arme

Relire Illich aujourd'hui n'est pas un simple exercice intellectuel. C'est un miroir qui nous montre que nous avons foncé tête baissée dans ce qu'il avait annoncé, et ce, plus vite que prévu grâce à nos outils numériques.

La question essentielle demeure : comment faire pour que nos outils restent à notre service ? Comment éviter que ce qui nous est utile ne devienne, petit à petit, une forme de servitude déguisée ? Comment s'assurer que la technologie élargisse vraiment notre liberté, au lieu de nous enfermer dans un labyrinthe d'obligations ?

Je n'ai pas toutes les réponses. Mais je suis convaincue qu'en restant lucides, en prenant du recul, et surtout en gardant la main sur ce que nous utilisons, il est possible de continuer à vivre et à créer autrement. Avec moins de bruit, moins de contraintes, et plus de sens.

Et vous, qu'en pensez-vous ? Quels systèmes, autour de vous, vous semblent faire l'inverse de ce qu'ils promettent?

Visionnez le podcast complet sur ma chaine Youtube.

ED

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